Lisa Alégot
12/09 > 28/09

Portrait-robot de l’objet qui n’existe pas

Exposition
Design fiction
Design numérique
Tout public
En présentiel

Portrait-robot de l’objet qui n’existe pas

Les assemblages sont issus de mon projet de fin de DNSEP intitulé Portrait-robot de l’objet qui n’existe pas. Ce projet est né d’une réflexion sur la manière dont les objets façonnent notre rapport au monde.

Je cherche à savoir s’ils peuvent exister s’ils n’ont ni matérialité, ni fonction, ni histoire.

 

Pour tenter de créer des objets qui “n’existent pas”, j’ai produit ces assemblages en essayant de les priver de ces deux attributs : leur fonction utilitaire et les récits qu’ils conservent.

C’est par ces deux caractéristiques que des auteurs comme Jean Baudrillard, Abraham Moles ou Krzysztof Pomian définissent l’objet.

 

Ces assemblages sont composés d’objets de seconde main récupérés en ressourcerie ou via des dons. Ils sont repeints, puis assemblés et fixés entre eux. Bien qu’ils soient manipulables et que certains d’entre eux offrent un certain degré d’interaction (couvercle à soulever, anneaux aimantés), ils perdent leur usage initial en devenant ambigus, presque illégitimes dans leur statut. Sont-ils devenus des objets d’art ou sont-ils encore des objets du quotidien ? C’est par cette interaction que le spectateur peut interpréter l’objet à sa manière en tentant d’en définir sa nature, et éventuellement essayer de lui trouver un usage nouveau.

 

Démarche

Ma démarche fait écho au concept de sémiophore défini par Pomian.

Les sémiophores sont des objets privés de leur fonction utilitaire mais qui sont les témoins d’une histoire passée ou lointaine, comme ceux établis au rang d’objet d’art. Ici, je les détourne encore davantage, non seulement en les recontextualisant, mais aussi en les repeignant, de sorte à ce qu’on ait du mal à les identifier à la première lecture.

Certains assemblages intègrent des pièces en argile faites à la main, qui accentuent la transformation en brouillant davantage la mémoire des objets d’origine. Une fois finalisés, deux questions se posent : que sont devenues les histoires que ces objets conservaient individuellement ? Et que nous évoquent-ils maintenant ?

 

Partis pris graphiques

Le choix des couleurs et des motifs peints est le fruit de deux intentions.

D’abord, j’ai voulu étendre l’univers graphique des illustrations numériques que je réalise en parallèle dans ma pratique artistique personnelle.

Dans un second temps, j’ai voulu intégrer l’usage de Stable Diffusion, une intelligence artificielle permettant d’entraîner son propre modèle à partir de sa base d’images personnelles – en l’occurrence ici mes illustrations.

 

L’idée est d’interroger l’imaginaire de l’IA pour apporter une dimension fictionnelle au réel, et me détacher d’un certain contrôle dans la création des ces objets. De cette manière, les objets sont une fois de plus dénaturés et décontextualisés.

 

À travers ces assemblages, l’objet devient un espace d’expérience : ni utile, ni décoratif, mais qui porte des récits et soulève des questions. La transformation qu’il subit remet en question sa nature et amène à se demander à quoi sert un objet qui n’a apparemment pas d’utilité, et d’une certaine manière, interroge son existence. J’essaie de proposer aux spectateurs de déplacer son regard, et de renoncer à une lecture stable et utilitaire de l’objet.

 

Conditions d'accès
Entrée libre

Newsletter